dimanche 28 mai 2017

Le Retour 2


Après ce coup de vent de la fin de la 2ème semaine le vent tombe et on se retrouve au moteur pendant près de 24 heures dans une mer pas encore calmée. Le matériel souffre et la grand-voile malgré qu’elle soit bien bridée donne des à-coups.
 Les sargasses disparaissent petit et petit et apparaissent les « Caravelles Portugaises »


Signe que nous remontons vers les eaux Portugaises et autre signe les nuits et l’air en général sont plus frais, j’ai remis une ou deux couches supplémentaires.
Se profile une autre dépression qui devrait nous toucher le dernier jour avant l’arrivée.

Pour l’instant le vent nous accompagne un peu et avec l’aide du moteur on maintient la vitesse à une moyenne de 4 N, nous faisons un peu de Nord pour garder un peu de vent.
Malgré un peu de musique les journées restent grises, le soleil reste caché derrière cet édredon de nuages. Je passe pas mal d’heures à écrire mon journal de bord, et je prépare aussi d’autres pages pour le Blog, Mousse surveille de près mon travail.

 Je lis aussi pas mal, les classiques de mes prédécesseurs que d’ailleurs j’avais déjà lus, et d’autres qui n’ont rien à voir avec les bateaux ou la mer. Quand le temps est maniable on a vraiment le temps de lire et d’ailleurs c’est là que je lis le plus, pendant ces longues traversées.
Ces quelques jours ou alternent bon vent et calme où nous progressons au moteur nous ont bien rapprochés.


J’en profite même pour me refaire une beauté (on arrive bientôt).



Mais cet atterrissage sur l’île de Faial ne pouvait se terminer comme cela, les fichiers météo (Christine avait vu aussi) nous montraient clairement que ce n’était pas fini ;  un dernier petit coup à un peu plus de 100 milles avant d’arriver juste pour le « plaisir », tu parles les 15 noeuds de vent annoncé ont vite été dépassés et une bonne pluie nous accompagnera aussi toute la nuit et la matinée jusque devant l’entrée du port de Horta. Une nuit blanche où j’ai remis bottes, pantalon et veste de ciré oubliés depuis des mois. Et repris la veille dans la descente comme lors des coups de vent dans le Golfe de Gascogne.


Puis apparaît dans la brume du matin l’île de Faial



(ce n’est pas une surprise).
Mais ce n’est pas encore tout à fait terminé, juste avant l’entrée du port les vagues bloquées par la côte se creusent et cela ne facilite pas mes manœuvres pour affaler les voiles pour me présenter dans l’entrée près à accoster ou à mouiller.


Le quai devant le bâtiment de la marina est occupé par des bateaux côte à côte sur 3 ou 4 rangs, et personne sur les ponts pour prendre mes amarres donc je vais mouiller en face , c’est bien calme, à côté de ce qui se passe à l’extérieur.
Je pousse un grand ouf !! Et me prépare un petit casse-croûte bien mérité.


L’après-midi annexe à l’eau et à la rame (le petit hors-bord ne veut rien savoir) je rejoinds le quai et la réception de la marina où l’on fait  successivement : l’enregistrement à la marina, l’immigration, la douane et le port. J’obtiens une place à la marina mais elle ne sera libre que le lendemain, ce n’est pas grave je dormirai quand même bien ce soir, mouillé bien au calme.


 Toujours un bon accueil dans ce port de légendes.
J’ai retrouvé notre petite peinture, preuve de nos deux précèdents passages (1995 et 2006) mais je vais avoir du boulot il faut tout refaire et rajouter 2017 avec Mousse.


Maintenant,  au boulot! J'ai eu un peu de casse; d'abord la bôme bien abîmée,......à suivre


samedi 27 mai 2017

Le Retour 1


Elles sont longues ces heures et ces journées, avant le départ !

Les  derniers préparatifs sont faits, les derniers pleins aussi, eau, gasoil on est prêt, il n'y a que le vent qui n’est pas tout à fait favorable, mais allez demain ce sera mieux.
Voilà le 2 mai je me suis lancé dans cette longue remontée vers des latitudes qui me rapprochent de la maison, mais qui sont moins hospitalières et moins chaudes.
Là-haut les dépressions passent de l’Ouest vers l’Est et certaines ne sont pas du tout sympathiques. Je suis pas mal équipé pour les voir venir mais on ne peut pas toujours les éviter.
1ère semaine :
Les premières journées ont été assez dures, il fallait serrer un peu le vent et ni Blue Mad ni moi n’aimons cela, surtout que la mer était agitée et ça mouillait sur le pont, Mousse ne savait pas trop où se mettre (la pauvre) et il fait 32° dans le bateau, car bien sûr tous les capots sont bien fermés.
Petit à petit le vent nous offre une route directe, mais il me faut, même si je suis amariné, 4 jours pour bien me sentir à l’aise pour me déplacer dans et sur le Bateau, Mousse mettra 2 jours de plus pour sortir de sa léthargie et pour recommencer à manger quelques croquettes.
Petite moyenne sur ces 8 premiers jours, 90-95 Milles/ jour vers l’arrivée (bien sûr si on n’est pas sur la route directe on fait beaucoup plus de chemin), bref ne vous prenez pas la tête on n’avance pas vite mais ce n’est pas si mal, on a connu pire. Début ensoleillé avec de superbes couchers de soleil, mais on voit que la mer est agitée.




Mais bientôt le ciel se voile de nuages d’altitude, l’air est plus frais, un changement de temps va venir, les fichiers météo et la météo que me donne Christine pas SMS iridium m’en préviennent.





  A part ces préoccupations journalières de la météo, les journées et les nuits, sont rythmées par le minuteur qui toutes les heures sonne et appelle l’homme de quart à la vigie (HS après quelques jours il est remplacé par le Mer-veille qui a une fonction réveil).

Une journée type :
Les quarts de sommeil se prolongent souvent le matin, suivant si j’ai bien récupéré ou pas.
Puis on prépare le petit déjeuner et là il y a le petit rituel de l’orange avec Mousse.


Bien sûr quand le temps le permet. Une bonne partie de la matinée se passe à lire, allongé dans ma couchette ; mais on marque toujours les heures avec le réveil et s'il n’y a rien de spécial toutes les 3 heures un petit point sur le carnet de bord, à 12hTU je fais un point sur la cartographie d’OpenCPN et en reliant tous les points  on a le sillage de Blue Mad, vous pouvez voir que par rapport à la route directe ma route a subi l’influence du vent (ce n’est pas le rhum).


Souvent pendant le point de 12 h je tire un petit papier dans mon « pot à compagnie » (voir la page belle idée) ces petits mots vous rappellent que vous n'êtes pas seul, c’était bien sympa et permet de garder le lien…


Vers 14 heure je me prépare à manger ; le midi plutôt des salades, bien sûr le frais est vite épuisé, mais il existe des boites de conserve, betteraves, maïs, haricots vert avec un oignon et du jambon en boite, ou salade de riz, œufs dur, ou semoule…..
 A 17 h souvent un petit thé avec 3-4 gâteaux.
J’avais acheté des côtes de porc et 2 cuisses de poulet que j’ai faites cuire avant de partir, elles ont duré les 2/3 premiers jours.  Sinon le soir c’est plutôt une boite d’un plat tout préparé et puis il y a les boites de Gilles, pâté ou plat cuisiné et quelques surprises (les tomates farcies très réussies, les pâtés aussi).
Mais les ¾ du temps se passe à observer l’horizon, la mer, souvent vide de bateau, d’oiseau, de poisson, baleine ou de dauphin… le ciel, les nuages en essayant de prévoir le temps du lendemain et en admirant les couchers de soleil quand ils ne sont pas  masqués par les nuages ce qui a été souvent le cas.


Mais il y a toujours un petit réglage à faire sur un bateau si on veut avancer correctement soit les voiles: je prends un ris puis deux, je relâche un ris, je borde, je déborde, je règle le régulateur d’allure qui barre le bateau…. Qu’il y ait beaucoup de vent ou très peu on est rarement tranquille longtemps, et cela de jour comme de nuit bien sûr, mais si je suis là c’est que j’aime ça.
La pèche, chaque jour j’ai traîné mes deux lignes, au début je n’ai pris que des sargasses

 et ce n’est que le 9ème jour que j’ai attrapé une belle daurade Coryphène, et ce sera la seule,


il y a bien eu deux poissons volants qui une nuit ont atterri sur le pont et que Mousse le matin en faisant son tour sur le pont a trouvés, ils lui ont été réservés.


Il y a aussi quelques moments de jeux avec Mousse qui est demandeuse vu qu’elle n’a pas autre chose à faire, c’est une bonne compagnie mais je pense aujourd’hui que ce n’est pas sa place et quelle préférerait gambader dans le jardin (je lui dis que bientôt elle pourra grimper aux arbres courir dans l’herbe et chasser le mulots).
Donc les jours et les nuits s’enchaînent et passent vite, je n’ai pas trouvé le temps long pendant ces 21 jours.

2 ème semaine :                                
11 ème jour de mer extrait du journal de bord: Ce matin le vent monte petit à petit, d’abord je prends un ris, puis 2 tours dans le génois. Mais cela ne suffit pas, je remplace le génois par la trinquette et je lâche le ris, c’est bon un moment, mais le vent continue à monter et Blue Mad avance 6/7 Nœuds c’est le maxi pour lui d’autant que la mer commence à grossir. Je prends 1 ris pour être plus stable et plus tranquille (ce n’est pas le Vendée globe) la vitesse tombe d’un nœud mais le bateau part de plus en plus souvent au lof. Le vent est travers et parfois ça claque fort sur la coque (Blue Mad est costaud).
17 h ça souffle, j’ai mis un peu de vent sur l’arrière, car la mer tapait fort sur le côté, le régulateur tient bien, même si on fait de beaux lacets, c’est pas grave.


17 h30, le vent monte encore, plus de 25 N sûrement, la mer s’est bien creusée et en plus un petit crachin tombe, puis cela devient un grain.


C’est un joli grain avec du vent de la mer et de la pluie, 1/2 heure après ça se calme. Le speedo est monté à plus de 7 N mais on retombe à 5.5 N c’est plus confortable pour Blue Mad et moins stressant pour moi.
Cet après-midi avec cette pluie, ce ciel bas, ce vent frais ça me rappelle ces premiers jours d’automne après une belle arrière-saison et une grande période de beau temps , on sent que les beaux jours sont derrière nous ,et que l’on va rentrer petit à petit dans des journées moins lumineuses et plus fraîches, Ça met un petit coup au moral.



Mais ce n’était pas fini, après cette accalmie ce n’est plus de la rigolade, le vent est revenu et monte dans «les tours »et la mer qui n’est pas en reste grossie.


Grand-voile à 3 ris et rien devant, Blue Mad court et fuit devant ces masses d’eau qui veulent jouer au chat et à la souris avec lui. Toute la nuit passe comme cela, parfois le vent baisse un moment et j’hésite à remettre un peu de toile, me ravise, et à juste titre car le vent revient de plus belle (j’arrive quand même à dormir un peu).
Le lendemain même programme à part que le soleil brille de nouveau et éclaire cette mer qui toute la journée ne cesse de grossir. C’est beau ! Mais aussi un peu  impressionnant.
Je n’ai pas peur, Blue  Mad s’en sort bien. Dans cet après-midi où le vent souffle à 30 N avec rafales à au moins 35 N, il faut bien se tenir, des deux mains, on se cale, on s’agrippe avec les pieds, et on ne sort pas dans le cockpit sans crocher son harnais. Pour l’instant je n’ai pas trop l’occasion de sortir pour manœuvrer, la GV est à 3 ris et la trinquette est enroulée.
Un gros grain avec pluie et vent nous tombe dessus, le régulateur n’a pas le temps de redresser Blue Mad qui sous la violence du vent part au lof, et malgré les efforts le  régulateur ne redresse pas sa route. Sur le coup j’ai cru que le régulateur était HS. Je prends la barre et redresse le cap, branche le pilote électrique  (toujours à poste) qui a du mal à tenir le cap et au bout de quelques minutes se met «off course» : de lui-même le bateau se met à la cape, j’attache la barre sous le vent et règle la GV pour prendre les vagues de côté à 45°sur l’avant.  Le temps de prendre ces dispositions, le grain est passé et le vent devient plus maniable, je me remets sur le cap, vent arrière, rebranche le régulateur qui n’a rien, renvoie la trinquette et c’est reparti ! Après toutes ces manœuvres je me sens un peu fatigué : un petit coca, deux tranches de pain avec du pâté de Gilles et une crème au chocolat, de suite ça va mieux.


Mais à l’AIS apparaissent 4 cargos et un voilier, ils sont encore loin, en fait je n’apercevrais qu’un cargo en début de nuit.
Le coup de vent est passé mais il nous laisse une mer agitée qui mettra une bonne journée pour se calmer. Le soleil revient et la température remonte c’est le moment pour prendre un bain, mais fini de se laisser traîner dans l’eau depuis l’échelle, l’eau me parait froide et la mer bien trop agitée.

À suivre.

mercredi 24 mai 2017

Açores

Je viens d'arriver à HORTA après 21jours de remontée pas toujours facile.
Des détails sur la traversée dans quelques jours.

lundi 1 mai 2017

Caraïbes Fin

Et oui c'est fini les Caraïbes !

 St Martin c'est la fin du voyage sous le soleil des Antilles, le retour est proche,  Blue Mad repart vers l'Europe et la maison (le 2  ou 3 mai).
Et ce n'est pas trop tôt... n'est-ce pas Mousse !


Mais il reste le gros morceau, pour avoir le droit de rentrer à bon port: c'est la traversée retour vers les Açores, celle que tout le monde (ou presque) appréhende un peu ; 2200 milles. Un retour vers des latitudes plus froides et une météo pas toujours simple avec ses dépressions d'ouest.


Entre 25 et 30 jours de haute mer, mais ne vous inquiétez pas (trop), je vais bien m'attacher et puis je tiens vraiment à rentrer... pour repartir un jour.

 A bientôt et Bises à tous